Speed triple
Présentation
Speed Triple. Des performances adaptées à la réalité pour les motards qui s'y connaissent. Le Streetfighter par excellence. La référence. La meilleure. En un mot. Légendaire.
Pour 2011, Triumph a pris tout ce qu'il y avait de bon dans la Speed Triple pour créer un tout nouveau modèle. Une nouvelle page dans son histoire. Le tout nouveau châssis témoigne de la plus grande ingéniosité. Et que dire de ce trois cylindres de 1050 cm3. Ah oui, le moteur. Et le look ? Petite. Trapue. Agressive. Double phare. Monobras. Guidon en alliage. Une pure Speed Triple. Améliorée.
Point fort
- suspensions avant et arrière entièrement réglables
- étriers avants radiaux Nissin, maître cylindre avant radial
- guidon : cintre Magura en aluminium
- selle bi-ton
* par rapport à la Street Triple standard
Essai par moto station
- - Rappel
Depuis 1994 et la T301, la Speed Triple est la star des motos de la gamme Triumph "made in Hinckley". Mais depuis quelque temps, elle s'est fait voler la vedette par une certaine Street Triple, un clone de cylindrée moindre qui avance une tonne d'arguments pour un prix plus attractif. Rien d'étonnant donc à ce que de plus en plus de propriétaires de Speed Triple, mais aussi des motards venus de tous horizons, se tournent vers sa petite soeur devenue pour l'occasion la première vente de la marque. En outre, signalons que la concurrence dans cette catégorie des roadsters sportifs est féroce, aussi bien en termes de caractère, de performance que de budget. Aussi, il était temps pour Triumph de revoir son (ex) modèle phare. Évoluant franchement en partie cycle comme en équipement - avec notamment l'ABS en option -, le roi des roadsters anglais conserve la base moteur 1 050 cm3 de la Speed Triple 2010. Avant de découvrir les photos définitives, nous avions parié pour un trois cylindres profondément revu et plus gros, proche des 1 200 cm3. Mais celui-ci n'arriverait pas avant 2012, sur le futur gros trail de la marque. Il faudra donc s'y faire, la nouvelle Speed Triple 2011 repart sur un bouilleur bien connu... mais modifié. Suffisamment ? Voyons cela.
- - Toujours Speed Triple... mais différente
Si vous avez suivi nos comptes rendus du salon de Cologne (ce dont nous ne doutons pas !), vous avez déjà pu découvrir la nouvelle Speed Triple 2011. De loin, c'est indéniablement "la même moto", conservant cette allure de pit bull tout en muscles, ramassée, trapue... Mais de près en revanche, cette ressemblance s'estompe pour mettre en avant tout le travail accompli. Entre autres, les nouvelles optiques de phare ont fait jaser sur le forum. Si Triumph ne les avait pas retouchées, la marque aurait été taxée d'immobilisme. Mais modifiées, elles prennent aussi le risque de ne pas plaire à tout le monde... Eternel débat. Incontestablement, la Speed Triple reste une moto valorisante, autant par ses choix techniques que par sa qualité de fabrication. De mon point de vue, Triumph s'est montré ici plus conservateur que Ducati, qui a osé davantage modifier ses Monster sans pour autant tourner le dos aux fanas du genre. Passons. Pour l'heure, la présentation presse se déroule sur le très beau circuit d'Ascari, en Espagne, et sur les routes environnantes. "Quoi ? Un roadster présenté sur circuit ?" Oui, mais c'est pour mieux nous démontrer le potentiel de la bête, dixit le constructeur. Action !
- - Plus neutre, plus facile... plus speed !
En deux mots, Triumph a revu la partie cycle de fond en comble : cadre, suspensions, répartition des masses, emplacement des périphériques, géométrie de direction, mais le moteur change peu, comme vous le découvrirez dans le "A retenir". Triumph a eu la bonne idée d'amener une Speed Triple 2010 pour nous permettre de mesurer l'étendue de l'évolution. Et comme de fait, les différences apparaissent de façon flagrante en passant de l'une à l'autre. Ainsi, la nouvelle Speed Triple 2011 présente une assise plus plate, plus large, un réservoir moins étroit, un guidon moins haut et moins large, des repose-pieds plus avancés. Même abaissée de 10 mm, la selle est encore assez haute et avec mes 1,70 m, je ne pose que les pointes des bottes au sol. Si l'ambiance à bord est similaire - la fameuse "british touch" ? - , les évolutions n'en sont pas moins nettes.
Feu vert pour prendre la piste : Ascari, c'est un toboggan de bitume de près de 5 km, vallonné, technique à souhait, pas très bien revêtu : bref, un sacré banc de torture ! En cinq tours, un paquet de portions encore très techniques restent à maîtriser, mais la neutralité du train avant de la Speed 2011, souvent décriée sur le modèle précédent, a été clairement travaillée et améliorée. On ne ressent plus ce verrouillage sur les freins, cette raideur qui peut redresser la moto brutalement au moment de l'inscrire sur l'angle en virage. La nouvelle Speed Triple est bien plus neutre que l'ancienne. Sur route, son "mieux" en agilité ne m'a pas sauté aux yeux. En revanche, la facilité de la moto dans les parties sinueuses, sur route et sur circuit, est en réel progrès. A bord de la Triumph Speed Triple 2011, on force moins et l'on va naturellement plus vite. La perte de poids (annoncée d'abord à 8 kg au salon de Cologne, puis à 3 kg aujourd'hui avec 214 kg tous pleins faits) participe sans doute moins à ce comportement revigoré que le travail d'ensemble réalisé sur la partie cycle.
- - Un joujou extra
Au passage, il faut bien avouer que la Speed Triple 2011 est un régal sur piste, aussi technique soit-elle. Agilité, précision, motricité, excellent feeling au freinage, ergonomie plus favorable au déhanché : les "Speed Triple addicts" qui roulent sur piste occasionnellement vont l'adorer ! Plus évidente qu'une sportive patentée, cette nouvelle mouture du roadster anglais permet même des corrections de trajectoires aisées (par exemple quand vous avez raté votre point de corde) et ne se "traîne" pas plus en ligne droite grâce à ses 135 ch. en version full power, soit 5 ch. de mieux qu'avant. Pour autant, ce joujou extra rejoint les "vraies" sportives sur certains points. Notamment, ses suspensions, réglables, sont toujours fermes, et si cela ne pose pas de problème sur circuit, il en va bien sûr autrement sur route.
Ainsi, la Speed Triple s'exprime toujours mieux sur bon revêtement. Entre l'angle de colonne refermé et ces suspensions qui travaillent bien sur les petits chocs mais se montrent sèches sur les grosses compressions, il y a matière à "s'occuper". Quelques trous abordés à haute vitesse ont vite fait de me tasser une ou deux vertèbres. Plus loin, une saignée du bitume en plein virage m'est clairement signalée dans le guidon... C'est à se demander si Triumph n'aurait pas dû monter un amortisseur de direction (discret), comme sur la BMW F800R par exemple. Si cet aspect du comportement, un rien exigeant, fait partie des limites de la catégorie, la Speed Triple me semble tout de même l'une des plus radicales en setting d'origine des suspensions. Un point qui sera à vérifier lors d'un prochain comparatif. Il n'en reste pas moins que les progrés réalisés en terme de facilité sont bien réels, sans atteindre à mon sens l'aisance d'une Honda CB1000R, autre référence du genre. Pendant que nous y sommes, évoquons la boîte de vitesses. Celle-ci présente parfois quelques ratés et nécessite de décomposer ses mouvements de façon académique pour éviter tout faux point mort : on est encore loin de la précision d'une Honda, mais là encore, nous vérifierons ce point sur une moto parfaitement rôdée.
- - Légèrement plus vif
Totalement revue, la partie cycle était au coeur des débats à table entre les journalistes européens triés sur le volet pour cette présentation officielle. Et quoi de plus normal après tout, sachant que le moteur a peu évolué de son côté. Pour son 1050 2011 Speed Triple, Triumph s'est "contenté" de retravailler la ligne d'échappement et l'admission pour faire grimper la puissance et le couple en version libre... sans pour autant faire de miracle, car ces valeurs maximales sont atteintes à des régimes légèrement supérieurs (environ 800 tr/min). Ce fameux trois-cylindres en ligne possède toujours l'une des meilleures plages utiles de la production moto actuelle : souple, il reprend sans hoqueter à 2 500 tr/min sur tous les rapports. Un léger fléchissement reste perceptible entre 3 000 et 4 000 tr/min, puis il repart de façon musclée jusqu'à 8 000 tr/min.
Sur cette plage, le Speed Triple 1 050 donne le meilleur, se montrant aussi rempli que les sensations délivrées à son pilote. Ce caractère généreux se traduit notamment par d'excellentes reprises s'exprimant dans un ronflement de boîte à air très sympathique. Sans surprise, les tests effectués sur ce point face à l'ancien modèle ne font pas montre d'une suprématie particulière de la Speed Triple 2011. Son allonge finale, de 8 000 tr/min à 10 000 tr/min, ne démontre pas une puissance réellement supérieure (en tout cas en sensations), le moteur déroulant "simplement" sa foulée. Il semble juste légèrement plus vif et le rupteur est atteint plus vite lors des accélérations soutenues. Ce trois-cylindres reste donc un morceau d'agrément, même si son caractère est parfois taxé de "doucereux". Il est vrai que les blocs 899 ou 1130 des Benelli se montrent plus vivants, rugueux, gras en couple... mais moins agréables au quotidien.
- - Bilan : Belle évolution... mais suffisante ?
Faire évoluer une base technique sans repartir de zéro est toujours délicat, pourtant, à l'issue de ce premier test, il apparaît que Triumph ait talentueusemet relevé le défi sur sa Speed Triple 2011. Son lifting esthétique sera rapidement jugé mais la qualité et l'identité propres au fameux roadster anglais sont bien là. Impossible de confondre cette sportive déshabillée façon street bike avec aucune autre ! Si quelques détails peu heureux sont à noter - comme les durits moteur apparentes par exemple -, les progrès réalisés par la partie cycle sont évidents. La nouvelle Speed est plus facile, plus saine et armée d'un châssis plus performant. Son agilité fait un bond en avant, sa précision est meilleure. Enfin, son moteur reste savoureux, offrant un cocktail performances / agrément toujours aussi atypique dans la production actuelle, en tout cas dans la version full power essayée ici. Enfin, ultime atout et non des moindres, son prix : Triumph propose sa nouvelle Speed Triple 2011 à 11 495 € en version standard et 12 095 € en version ABS. C'est très bien placé, et surtout sans augmentation par rapport au prix de la version antérieure. On ne s'en plaindra pas, bien au contraire. Bref, la Speed Triple revient au coeur de la bataille des gros roadsters sportifs, avec une mise à jour pleine de pertinence. Pourtant, pour cette nouvelle "queen", la partie s'annonce plus rude que jamais en 2011, face à d'autres surdouées de la catégorie, Honda CB1000R et Kawasaki Z1000 entre autres, sans oublier sa "petite soeur" 675 Street Triple qui pousse derrière... Mais comptez sur nous pour les confronter bientôt en toute impartialité
Source de l’essai motostation.com